Bastien et Bastienne – notes to Anthologie Sonore set

L’ANTHOLOGIE SONORE
Record Nos FA 801 to 806W. A. MOZART (1756-1791)

Bastien et Bastienne

L’Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire, Paris, Gustave Cloëz
Martha Angelici, soprano – Bastienne
Paul Derenne, tenor – Bastien
André Monde,
bass – Colas
Pauline Aubert,
harpsichord
The works of Mozart which L’Anthologie Sonore has already recorded (discs Nos 93 and 44) were written between 1772 and 1789. That presented here is from an earlier period. It marks the true beginnings of Mozart’s theatrical work, because his first stage work, “La Finta Semplice,” had not been performed. “Bastien et Bastienne”, a small Opéra-Comique (Singspiel) in one act and with three characters was commissioned by Doctor Anton Mesmer, in 1788. Mozart was only twelve years old. The first performance took place in October 1768, under the composer’s direction in Mesmer’s summer garden theatre in Vienna.The libretto had been provided by a translator whose name remains dubious and who had restricted himself to the syllabic transcription into German of Favart’s “Bastien et Bastienne.” If, in spite of our intention of always presenting works in their authentic form, we adopted the French version of Gauthier-Villars, it is that the latter did nothing but render into French the German translation which Mozart used. The libretto thus came back to its original French form.

The action is a parody of “Devin du village” for which J.-J. Rousseau wrote the libretto and the music in 1752 (see our disc No 54):

Bastienne, stage shepherdess with slim waist and embroidered stockings, is forsaken by the shepherd Bastien. The magician Colas, from whom she seeks help, advises her to play the coquette to recapture the unfaithful one’s heart. Then the indulgent sorcerer also gives Bastien a consultation, depicted in a comic magical scene. Lastly, the two lovers reconcile themselves and everyone sings of their joy in the final terzetto.

The subject of this “bergerie” for which Rousseau launched the fashion is quite simple and the characterization rather facile. But Mozart’s parody is discrete. It is marked only by the form of certain recitatives and the cabalistic passage. One should also see in this scene the single piece of humour directed at Doctor Mesmer, made famous by his talent and experiments as a hypnotist.

If Bastien and Bastienne express their sorrows and joys in the conventional and precious literary style of the time, they do it in arias of a sovereign grace. The majority of these arias are impregnated with French spirit which made a Europe-wide success of Duni, Philidor and Monsigny. However, Bastienne’s first aria is a true German Lied that one finds as a basis for the Variations in Mozart’s last piano trio (1788). Another of Bastienne’s arias “Son cœur, je m’en crus certain,” is also a Lied, one of Mozart’s most beautiful.

The introduction is very short, but it is interesting to note that Beethoven used the same theme in the first movement of the Eroica Symphony. In the rest of the work, apart from the magical scene and some dance measures which mark the joy of the reconciled lovers, the orchestra maintains a very discrete accompaniment.

The voices, in the solos, the duets, then in the trio which finishes the work in the true finale style of Opéra Comique, carry the whole expressive load.

Several bars of recitative have been omitted. As for the spoken text, which adds neither to the action nor the value of the work, it has been similarly reduced.

Bastien and Bastienne became a traditional lyric work for puppet theatres. This recording was also carried out especially for Jacques Chesnais’s marionettes.

The figured bass was realized and played on the harpsichord by Madame Pauline Aubert.

Original French notes

Les œuvres de MOZART que nous avons déjà enregistrées (disques Nos 93 et 44) furent écrites entre 1772 et 1789. Celle que nous présentons aujourd’hui est d’une période antérieure. Elle marque ses véritables débuts au théâtre, car son premier ouvrage lyrique « La finta semplice » n’avait pas été jouée. « BASTIEN ET BASTIENNE », petit Opéra-Comique en un acte et à trois personnages lui fut commandé par le Docteur Anton Messmer, en 1788. MOZART n’était âgé que de douze ans. La première représentation eut lieu en Octobre 1768, sous sa propre direction dans le jardin d’été de Messmer, à Vienne « auf der Landstrasse ».

Le livret avait été fourni par un traducteur dont le nom reste incertain et qui s’était borné à transcrire syllabiquement en allemand la pièce « BASTIEN ET BASTIENNE » de FAVART. Si, malgré notre dessein de présenter toujours des œuvres dans leur forme authentique, nous avons adopté la version française de GAUTHIER-VIL­LARS, c’est que ce dernier n’a fait que remettre en français la traduction allemande qui servit de base à MOZART. Le livret est revenu ainsi à sa forme française originale.

L’action est une parodie du « Devin du village » dont J.-J. ROUSSEAU écrivit le livret et la musique en 1752 (voir notre disque no 54) :

BASTIENNE, bergère de théâtre à taille fine et à bas brodés, est délaissée par le berger BASTIEN. Le magicien COLAS, dont elle sollicite l’appui, lui conseille de faire la coquette pour reprendre le cœur de l’infidèle. Puis l’indulgent sorcier donne aussi à BASTIEN une consultation, agrémentée d’une scène bouffonne de magie. Enfin, les deux amants se réconcilient et tout le monde chante sa joie au terzetto final.

Le sujet de cette « bergerie » dont ROUSSEAU lança la mode est bien puéril et la caricature eut été facile. Mais la raillerie de MOZART est discrète. Elle n’est marquée que par la forme de certains récits et par le passage cabalistique. Encore ne faut-il voir dans cette scène qu’un trait fort amusant à l’endroit du Docteur Messmer que son talent et ses expériences de magnétiseur rendirent célèbre.

Si BASTIEN et BASTIENNE expriment leurs peines et leurs joies dans le style littéraire conventionnel et précieux de l’époque, ils le font en des airs d’une grâce souveraine. La plupart de ces airs sont imprégnés de l’esprit français qui, dans l’Europe entière, firent le succès de Duni, de Philidor et de Monsigny. Pourtant, le premier air de BASTIENNE est un véritable « lied » allemand que l’on retrouve dans Validante varié du dernier trio de piano de MOZART (1788). Un autre air de BASTIENNE « Son cœur, je m’en crus certaine », est également un « lied », un des plus beaux que MOZART ait écrits.

L’introduction est très courte, mais il est intéressant de signaler que BEETHOVEN en a repris le thème dans le premier mouvement de la « Symphonie Héroïque ». Dans les autres parties, en dehors de la scène de magie et de quelques mesures de danse qui marquent la joie des amants réconciliés, l’orchestre n’a qu’un rôle d’accompa­gnement très discret.

Le chant, dans les solos, les duos, puis dans le trio qui termine l’œuvre en véritable finale d’Opéra-Comique, a la charge de tout exprimer.

Quelques mesures de récits ont été omises. Quant au texte parlé, qui n’ajoute rien à l’action ni à la valeur de l’œuvre, il a été également réduit.

BASTIEN ET BASTIENNE est devenu la pièce lyrique classique des Théâtres de marionnettes. Le présent enregistrement a d’ailleurs été réalisé spécialement pour les comédiens de bois de Jacques Chesnais.

La base chiffrée a été réalisée et exécutée au clavecin par Madame Pauline AUBERT.

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